Clède du mas Castagnère en Cévennes

Le 10/04/2019

Dans un mas cévenol, la clède est le bâtiment où l'on fait sécher les châtaignes. 

Clede mas Castagnère en Cévennes vue d'en haut

La clède c'est le bâtiment pour faire sécher les châtaignes

 

« Il existe peu d’arbres qui imprègnent aussi fortement de leur caractère les coutumes et la vie d’un terroir que le fait le châtaignier ». R. Bourdu, Le Châtaignier

Le séchage des châtaignes dans la clède

Les clèdes sont des bâtisses sur deux niveaux :

  • A l’étage une porte permets de vider les châtaignes sur un plancher fait de lattes de bois étroites et légèrement espacées (la claie, cleda en occitan). La couche de châtaignes déposée sur le plancher atteint 40 à50 cm.
  • Au rez-de-chaussée, un feu doux presque, sans flammes, est réalisé avec des bûches de châtaignier et les peaux des châtaignes séchées l’année précédente, la "pousse". L’air chaud et la fumée traversent la couche de châtaignes et s’échappent par les étroites ouvertures réalisées autour du bâtiment. Les châtaignes sont remuées régulièrement et au bout de trois semaines environ les châtaignes sont sèches.

 

Les châtaignes séchées sont ensuite pisées pour les débarrasser de leurs peaux. Pour cela, une couche est constituée et  piquetée avec des sortes de chaussures à longues pointes métalliques, les soles.

Ventaïre pour séparer les chataignes sèches de leur peau

Châtaignes et peaux sont ensuite versées dans le "ventaïre". Les parties légères, les peaux, s’envolent, et les châtaignes, plus lourdes, tombent directement dans un sac. Les châtaignes sèches et décortiquées, les "blanchettes", ou "bajanes", sont gardées pour être consommées plus tard. La "pousse" est stockée pour maitriser le feu de la clède, l’année suivante.

L'histoire du châtaignier

  • VIème siècle avant JC : naissance de la culture du châtaignier (Transcaucasie, Arménie, Perse puis Grèce et monde romain où la châtaigne prends le nom de Castanea).
  • du Moyen-Age au XVème siècle : développement de la culture du châtaignier.
  • du XVIème au XVIIème siècles : apogée de la culture châtaignier dont le fruit constitue la principale nourriture des habitants.
  • 1842 : le colonel Dumas lance l’expression qui deviendra célèbre d’« arbre à pain».
  • autour de 1850 :  grâce aux châtaignes, à la soie et aux mines, les Cévennes atteignent la plus forte densité jamais connue, 35 habitants/km2
  • vers la fin du XVIIIème siècle :  la châtaigneraie commence son déclin dans les Cévennes. la culture des mûriers pour l’élevage du ver à soie supplante partiellement la châtaigne en particulier parce que la paysannerie « enrichie » par la sériciculture importe des céréales qui vont supplanter la châtaigne dans l’alimentation quotidienne.
  • dès 1870 : le déclin démographique et l’exode rural réduit la surface de la châtaigneraie cultivée.
  • 1875 :  arrivée de la maladie de l’encre qui va décimer les plantations. Elle est due à un champignon microscopique, le Phytophtora qui se développe sur les racines de l’arbre et les détruit. Lorsque la sève malade s’écoule de l’arbre par les lésions, elle s’oxyde à l’air et prend une couleur noire, d’où le nom de la maladie.
  •  années 1820 : les industriels lyonnais découvrent que les tanins du châtaignier permettent de teindre la soie en noir. Il devient plus rentable d’abattre les arbres pour extraire le tannin que les cultiver pour leur fruit. Dès 1890, plusieurs usines de tanins vont ouvrir et en 50 ans la châtaigneraie recule de 20.000 ha.
  • fin du XIXème siècle : le marron glacé connu sur la table des princes du XVIIème siècle devient un produit de fête et va contribuer à freiner un peu le déclin de la production
  • 1935 et 1949 : création du Syndicat des Producteurs de Châtaignes de l’Ardèche
  • dans les années 1960 : la création de coopératives utilisant des moyens techniques plus performants (chambres froides, chaîne de tri, d’ensachage et de conditionnement…) va sauver la châtaigneraie ardéchoise
  • vers 1960 : apparition du chancre de l'écorce ou Endothia due à un champignon (Cryphonectria parasitica) qui fait apparaitre des chancres sur le tronc et un dessèchement de l’arbre au dessus de la zone atteinte
  • 2005 : le cynips du châtaignier a été repéré en France. Il provoque la formation de galles au niveau des bourgeons et il est responsable d'une chute importante de production. Il menace l'existence des variétés traditionnelles en France.
  • aujourd’hui la châtaigne reste un fruit peu consommé en frais (100 g par an et par habitant) et les principaux débouchés sont la conserverie (châtaignes au naturel…) et la confiserie (confiture ou crème de marrons, marrons glacés…).

La Castéïnéculture dans les Cévennes en images

Visuels Castagnère en Cévennes et images glanées sur le web.
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